Décidément, la députée Michèle Delaunay ne se sera pas fait que des amis avec son histoire de bannir à tout jamais le tabac du cinéma français (voir NS 13 des 8, 17 et 20 avril). C’est au tour de Nicolas Gauthier, journaliste et auteur d’« Acteurs de la comédie politique », de jeter son opprobre sur « cette bouffée de révisionnisme rétroactif », sur le site « Boulevard Voltaire » le 20 avril.
« Décidément, il n’est pas en France de faux problèmes qui ne puissent appeler un semblant de réelle solution administrative. Car enfin, que les nouvelles fictions à venir bannissent les débordements tabagiques, pourquoi pas.
« Mais que fera-t-on des films du passé ? « Un cave qui se rebiffe » sans Jean Gabin en éternelle assistance respiratoire avec ses Craven A sans filtre ? Un « Alamo » tentant de résister sans John Wayne et ses quatre paquets de Camel quotidiens ? « À bout de souffle », notre Belmondo national retrouverait-il le sien s’il cessait de tirer sur ses Gitanes, devant la caméra d’un Jean-Luc Godard, autre fumeur invétéré ? Et le commissaire Maigret ? Et Lucky Luke ? Et James Bond ? Et Humphrey Bogart ? Et Fidel Castro ? Et merde …
« Comme toujours, les lois d’exception devraient connaître un certain nombre d’exceptions. Ouf. Et ces vieux films « devraient », pour l’instant, échapper à cette bouffée de révisionnisme rétroactif. On respire un peu. Et pas seulement à cause des odeurs de cendrier froid.
« Heureusement que les clopeurs sont plutôt bonnes poires et ne promettent pas à Michèle Delaunay de la passer à tabac. Car autrefois, elle y allait du cigare, tel qu’on disait à ceux promis à la machine du bon docteur Guillotin. En attendant, la politique n’est plus jamais qu’écran de fumée destiné à masquer des problèmes autrement moins fumeux.
« Au fait, Michèle, t’aurais pas un clope ? Parce qu’avec le paquet de cibiches à sept euros, il n’y a plus que les riches qui puissent encore fumer, tandis que les pauvres sont condamnés à désormais se la rouler sous le bras ».