Juin 042015
 

JP MockyElle y tient la députée PS Michèle Delaunay à son combat contre la cigarette au cinéma (voir NS 13 du 8 avril). « La France doit mener une action très volontaire pour sortir du tabac d’ici à 2030 et il faut, pour cela, « débanaliser » la cigarette, y compris dans ses représentations dans cet art populaire qu’est le cinéma » répète-elle encore aujourd’hui dans Sud-Ouest, avant de nous ressortir les arguments développés sur son blog, dont l’idée d’une commission de « contrôle » (voir NS 13 du 21 mai). Mais, pour éviter le monologue, le quotidien a donné la réplique au réalisateur Jean-Pierre Mocky, qui ne cède pas aux « sirènes » de l’égérie anti-tabac (voir NS 13 du 17 avril).

« Michèle Delaunay a raison de lutter contre la cigarette, car c’est un fléau. Moi-même qui suis très libéral, quand je vois une collaboratrice qui se tape 20 cigarettes dans la journée, ça me paraît beaucoup. Et quand je recevais mon ami Gainsbourg, il fallait, après son départ, tout ouvrir pour évacuer les odeurs de tabac… Mais je trouve sa proposition un peu con. Créer une commission pour examiner les scénarios… surtout pas ! Il y a déjà tant de règles, tant de censures. Une censure invisible, sournoise, économique, dont je suis victime dès que je veux faire un film sur un sujet brûlant. On vous fait croire que le film n’est pas bon pour ne pas le distribuer ou pour ne pas en parler dans la presse… Si je faisais « La Famille Bélier », je n’aurais pas de problème !

« Bref, c’est déjà compliqué d’être un cinéaste libre, il y a beaucoup de normes, de pressions… Il ne faut pas rajouter une commission. On pourrait modérer la présence de la clope dans les films qui parlent de notre société actuelle, parce que les gens fument moins, mais il n’est pas envisageable de faire un film sur la France des années 1950, ou de l’Occupation, sans cigarettes ! Michèle Delaunay pense que l’industrie du tabac finance nos films : quand j’ai commencé avec Bourvil, on avait de gros contrats avec Gitane ou Marlboro, mais ce n’est plus le cas du tout …

« Michèle Delaunay renverse le problème. Le cinéma représente la vie : avant de faire disparaître la cigarette des écrans, il faudrait la faire disparaître de la vraie vie. Et puis, la cigarette, ce peut être utile à un metteur en scène, pour camper, psychologiquement, un personnage. Souvent, les gens fument, quand ils sortent notamment, non pas par plaisir, mais pour se donner une contenance, parce qu’ils manquent d’assurance… La cigarette, c’est un truc de timide. D’ailleurs, je fume très peu ».

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