Lequel des deux est le plus ridicule ? Le Parisien qui s’est prêté au jeu de la manipulation, sans vérifier ? Ou la bande des anti-tabac (député et experts médicaux) qui a monté l’offensive ?
En tout cas, avec la « une » et la double page du quotidien de ce jeudi 9 juillet sur une « hausse de la consommation de tabac de l’ordre de 7 % » et l’urgence à faire passer le paquet de cigarettes à 10 euros, ils ont une fois de plus démontré à quel point ils méprisaient l’opinion publique. Parce qu’il s’agit bien d’une manœuvre de manipulation de la part d’une intelligentsia toujours prompte à donner des leçons de morale et de conduite aux industriels comme aux buralistes en passant par les consommateurs.
« La hausse de 7 % », c’est le résultat d’un effet trompeur de statistiques. En l’occurrence, une journée de livraison de tabac supplémentaire en mars 2015 par rapport à mars 2014, avait pris le soin de préciser l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies en accompagnement de la publication de son tableau de bord mensuel Tabac.
« La hausse du nombre de fumeurs passant de 28 % en 2012 à 32 % en 2014 », c’est l’étude Eurobaromètre qui l’affirme. Alors que l’Inpes (Institut national de Prévention et d’Éducation pour la Santé, notre baromètre national qui fait foi) a établi qu’en 2014 le nombre de fumeurs (réguliers et occasionnels) restait stable (34 % des 15-75 ans) par rapport à 2010, après une hausse de deux points observée entre 2005 et 2010.
La première entourloupe, c’est un chantage auprès des parlementaires et du gouvernement pour qu’ils se déterminent sur le « juste prix » du tabac (au-delà du seuil de 10 euros, d’après leur diktat) alors que s’engage l’examen, par le Sénat, du Plan national de réduction du tabagisme, avec son lot d’interdictions et le « must » du paquet-choc.
La seconde, c’est aussi de faire croire qu’avec leur paquet « moche et cher », ils vont « dénormaliser » le tabac dans la société et parvenir ainsi à un monde sans tabac d’ici 2030. Alors qu’il n’y a quasiment pas un centime d’euro investi dans l’accompagnement pour le sevrage tabagique (en dehors des femmes enceintes et des moins de 25 ans), ni pour la prévention en milieu scolaire.
Le plus navrant, c’est qu’ils sont tous médecins. Déjà qu’avec leur manque de psychologie et d’écoute, ils ne nous donnaient vraiment pas envie d’aller les consulter. Et maintenant, ils sont encore moins crédibles.
Sophie Adriano.