L’ancien chancelier allemand social-démocrate Helmut Schmidt est décédé à Hambourg, ce mercredi 10 novembre, à l’âge de 96 ans. Et depuis hier, dans les médias, au fil des hommages, difficile d’échapper aux volutes de ses cigarettes. De quoi énerver : il est mort de sa belle mort.
Revenons à plus sérieux.
Artisan de l’amitié franco-allemande au cours de ses huit années de chancellerie, Helmut Schmidt s’est affranchi allègrement des contraintes antitabac, enfumant les plateaux de télévision ou les soirées de premières au théâtre, lorsqu’il grillait tranquillement sa cigarette au premier rang (Libération).
Jamais, il n’a pu se séparer de ses cigarettes mentholées, qu’il consommait à la chaîne. C’est en partageant une première cigarette qu’il fit, au collège, en 1932, la connaissance de sa femme avec qui il restera pendant près de sept décennies (Le Monde).
La marque des Reyno White était si étroitement attachée à l’image de de l’ancien dirigeant social-démocrate que quelques blagues ont d’ailleurs fleuri sur Twitter à l’annonce de son décès « le cours de l’action Reyno White a chuté aujourd’hui ». Dans son dernier livre, il confiait une seule incartade : « J’ai entretenu une relation éphémère avec des cigarettes sans filtre de marque Gauloises » (Slate).
« Helmut Schmidt et les cigarettes, un amour brûlant depuis des décennies. Aux conférences de presse, dans les réceptions, pendant les discours : là où Helmut Schmidt se tient, la fumée s’élève ». Les Allemands observaient avec bienveillance son tabagisme frondeur, font remarquer les médias outre-Rhin (Slate). Sauf certains, comme cet activiste anti-tabac qui avait porté plainte contre lui en 2008 parce qu’il fumait lors d’une réception dans un théâtre de Hambourg quelques après l’interdiction de fumer dans les lieux publics … Helmut Schmidt est resté cool et il est venu l’année suivante simplement avec sa boîte de tabac à priser (Hamburger Morgenpost).
Dernière anecdote. En réponse au vote par l’Union européenne de la Directive Tabac planifiant à terme l’interdiction des cigarettes au menthol en Europe, Helmut Schmidt en avait acheté 200 cartouches environ. Soit 38 000 cigarettes, ce qui, d’après les calculs du quotidien à l’époque, lui assurait de pouvoir fumer un paquet de menthol par jour jusqu’à son 100e anniversaire (Hamburger Morgenpost).