Fumer pour une femme reste un tabou absolu en Kabylie, entre pression des conservateurs et du « sanitairement correct ». Les femmes fumeuses sont de plus en plus nombreuses, mais n’osent jamais griller une cigarette en public. À Tizi Ouzou (à une centaine de kilomètres d’Alger), un groupe de femmes demande l’égalité du droit de fumer …
« On fume en cachette et loin des regards. Dans des toilettes, dans la chambre, mais jamais dans la rue. Les femmes fumeuses sont nombreuses, mais elles souffrent le martyre à cause du poids de la société qui voit d’un mauvais œil une femme qui fume. En tant que femme, je veux que je sois libre et fumer en plein public. Ce n’est pas une incitation pour les femmes à fumer, mais je revendique juste mes droits au même titre que les hommes » déclare Nihad – qui est infirmière au CHU de la ville – sur le site algérien Tamurt.
Qu’elles soient instruites, femmes aux foyers, étudiantes ou femmes voilées et pratiquantes, elles sont toutes victimes des mêmes préjugés, alors que « les femmes kabyles fument publiquement en France et au Canada par exemple et devant leurs enfants ou proches, pourquoi on ne tolère pas ça chez nous en Kabylie ou on ne cesse de réclamer une liberté collective et individuelle », fait remarquer la jeune infirmière.
Elle parle souvent du sujet avec ses collègues et amis et souhaite faire passer le message. Mais comment ? Elles refusent, par exemple, d’organiser une journée pour fumer, en groupe, en plein public.
Elles ne veulent offenser personne, simplement obtenir le droit de fumer comme les hommes. Pas plus.