Nov 042016
 

raphael-enthovenBelle envolée du professeur de philosophie Raphaël Enthoven – au lendemain du lancement du « Moi(s) sans tabac » – dans sa chronique « La Morale de l’Info » sur Europe 1.

Ou plus exactement, une grosse charge de plombs à l’encontre « des vertueux », des malins « avec le rose imaginaire de leurs poumons » qui « croient ne jamais mourir en ne fumant pas » … Un pamphlet à savourer, par petites bouffées, dans son intégralité.

•• « Pour arrêter de fumer, « Moi(s) sans tabac » met à la disposition des fumeurs un ensemble d’outils aux noms tout à fait ambigus. Il y a le livret « je me prépare avec mon agenda » ; le sticker « je retrouve la forme, pas les formes » ; la roue « je calcule mes économies réalisées » ; le tout assorti de promesses qui résonnent comme des menaces : cancer, arrêt cardiovasculaire, etc.

« Ambigus, parce qu’ils parlent tous à la première personne, c’est-à-dire à la place du fumeur.

•• « N’est-ce pas le propre de l’empathie ? Non, l’empathie est de se mettre à la place de l’autre et d’écouter ce qu’il a à dire. Ici, c’est l’inverse : en disant « je », à la place du fumeur, on se substitue à lui, on décide pour lui et, tout en prétendant être à son écoute, on le prive de parole.

•• « Si le fumeur avait le droit de parler, ce qui, en terre démocratique, n’est autorisé que s’il est pénitent, il dirait peut-être ceci :

« Je suis fumeur, je sais que je me nuis, je m’adonne délibérément, tous les jours et plusieurs fois, à une activité que j’adore et dont je sais qu’elle me détruit. Mon vice aura ma peau. On peut parler de cancer, d’impuissance, de mauvaise haleine ou d’AVC, mais vous ne m’apprenez rien ! Comme dit Ovide, le poète : « je vois ce qui est bon pour moi et je l’approuve. Et, pourtant, je fais ce qui est mauvais ».

« C’est comme ça et vous me cassez les oreilles à dire que si je n’arrête pas de fumer, je vais mourir, puisque je le sais déjà. D’ailleurs, vous aussi vous allez mourir. Alors, ne faites pas trop les malins avec le rose imaginaire de vos poumons.

•• « Le fumeur est-il fou ? Peut-être. Mais moins que ceux qui croient ne jamais mourir en ne fumant pas.

•• Le fumeur est-il contradictoire ? Certainement. Mais moins que ceux qui prétendent lui rendre sa liberté en parlant à sa place.

•• « Est-il dans le déni ? Evidemment, mais en se suicidant à petit feu, en jouant avec sa vie, le fumeur plonge les yeux courageusement dans le vertige que vous fuyez du regard, en vous persuadant qu’il ne peut rien vous arriver tant que vous ne fumez pas.

•• « Et vous, qui brassez de l’air, tandis que j’avale de la fumée, vous n’êtes ni plus utiles à la société, ni plus vertueux que moi. Vous êtes justes contents de vous. Ce qui est toujours ridicule et ne risque pas d’arriver à un fumeur.

•• La morale de l’Info : « Je suis père de famille et je refuse que mes enfants grandissent dans un monde où il est interdit de se nuire ».

  Une réponse sur “Paroles de philosophe : « et vous qui brassez de l’air tandis que j’avale de la fumée … »”

  1. Laissez les fumeurs fumer!

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