Nov 282017
 

Dans un éditorial du site littéraire ActuaLitté, Nicolas Gary craint la chasse au tabac dans les textes, entre les bulles. « Bientôt, plus aucune œuvre de l’esprit n’évoquera même l’idée des volutes bleutées : enfin, un monde sain pour des esprits sains … »

« Mais pourquoi pas la littérature ? Après tout, le livre est la première industrie culturelle de France ! Et puis, on a déjà pris le pli : il y eut en 2005, à la BNF, cette exposition autour de Sartre, privé de sa légendaire cigarette sur l’affiche de l’exposition. Alors, pourquoi ne pas pousser le bouchon et par souci de santé publique, doucement glisser aux auteures, illustrateurs, romanciers, dessinatrices et consorts, qu’il faut se mouiller et en finir avec les sèches !

•• « D’ailleurs, ça s’est déjà fait : lors de la publication des mémoires de Jacques Chirac, chez Nil, en 2009, le président s’était fait sucrer sa clope, frappé par la loi Évin. On se souvient en effet du passé de fumeur du président de la République. Avant d’arrêter officiellement en 88.

•• « Comment oublier — on s’éloigne un peu des maisons d’édition — le timbre Malraux sans clope, lui aussi passé sous les fourches caudines de la photoshopisation de notre société ? À cette époque, le député Didier Mathus avait même tenté de faire réviser la loi Évin, pour que soit exclu de son champ d’application le patrimoine culturel. Le Haut Conseil à la Santé publique avait estimé que donner « un signal d’assouplissement [était] contraire aux objectifs de la lutte contre le tabagisme ».

•• « L’application de la loi Evin au cinéma n’en reste pas moins une vieille rengaine, et dans le monde des lettres, pas moins. « De fait, l’on impute souvent à la loi Évin plus qu’elle ne dit ni ne prescrit puisque ce texte ne s’oppose qu’aux seules représentations prosélytes du tabac dans l’espace public », rappelait Pascal Mbongo, professeur des Facultés de droit.

•• « Fort heureusement pour le cinéma ou la littérature et tous les autres, dans une périlleuse virevolte acrobatico-politicienne, la ministre de la Santé a trouvé une solution de repli : « Je n’ai jamais envisagé ni évoqué l’interdiction de la cigarette au cinéma ni dans aucune autre œuvre artistique. La liberté de création doit être garantie. […] Peut-être pouvons-nous nous demander : la liberté de création ne réside-t-elle pas également dans l’indépendance des réalisateurs vis-à-vis des incitations à montrer la cigarette à l’écran ? ». 

Pétard ! Voilà donc comment, pour faire un tabac d’une polémique, on joint les deux bouts ? ».

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