Juil 242018
 

Pour Laetitia Strauch-Bonart, responsable éditoriale de Phébé – la veille d’idées internationale créée par Le Point – les déclarations médiatiques d’Agnès Buzyn, genre « le tabac c’est has been », sont loin d’être anodines. Non seulement, elles confirment que le tabac est une affaire de classe, mais dénotent un glissement pervers, et de plus en plus répandu, des questions sanitaires vers les questions morales.

Pourquoi une affaire de classe ? « Contrairement à ce que laisse penser la ministre, le tabac est loin d’être « has been » pour un grand nombre de Français. Actuellement, plus d’un tiers des personnes aux revenus les plus faibles fument tous les jours. Il est difficile de croire que la ministre ignore ces faits – c’est pourquoi, involontairement, ses propos sont teintés d’une forme de mépris de classe ».

•• « Mais ce mépris va plus loin : considérer comme elle le fait le tabac comme ringard ne revient pas seulement à cibler plus ou moins consciemment un groupe social, c’est aussi s’en prendre aux fumeurs non pas en termes sanitaires, mais moraux. Remarquons le transfert de sens : inciter autrui à ne pas fumer, hier, se faisait exclusivement au nom de la santé.

« Aujourd’hui, notamment en raison des découvertes scientifiques des effets néfastes du tabagisme passif, la cigarette est traitée comme une pratique immorale. Les fumeurs sont ostracisés, leurs images censurées, les objets ou lieux touchés par la fumée considérés comme contaminés … Autant de comportements emblématiques de la morale.

•• « De nos jours, le tabac n’est pas seul : on peut citer la viande, le sucre ou encore la voiture parmi les activités moralement répréhensibles. À chaque morale, d’ailleurs, son moralisateur : si la droite, hier, pourchassait des comportements qu’elle considérait comme déviants – par exemple divorcer –, les progressistes, aujourd’hui, se sont emparés des causes dites hygiénistes. Et, comme d’autres combats progressistes, la cause hygiéniste place ses thuriféraires dans la situation paradoxale de devoir admonester – et s’aliéner – ceux-là mêmes qu’ils devraient défendre ou, à tout le moins, ne pas mépriser.

•• « Le « has been » d’Agnès Buzyn fait alors penser aux « déplorables » de Hillary Clinton, qui avait décrit de la sorte les électeurs de Donald Trump. En cela, notre ministre de la Santé n’a peut-être pas choisi la meilleure façon de parler à nos … déplorables fumeurs ! »

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