Pas du tout convaincu et encore moins convaincant le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, lors de la présentation du Plan national de Lutte contre le Tabac 2023-2027, le 28 novembre, dans l’ambiance froide de grand hôpital qui caractérise son ministère.
Le nez rivé sur un discours qu’il avait l’air de découvrir et une mine renfrognée à peine masquée … pour ne pas dire une tête d’enterrement : est-ce par ce qu’il annonçait « une première génération d’adultes débarrassés du tabac dès 2032 » – ce qui aurait dû naturellement l’enthousiasmer – ou parce qu’il savait que son catalogue de Père Noël des associations anti-tabac allait rester lettre morte ?
Lettre morte … Car, tout de même, on est encore 12 millions de fumeurs quotidiens, soit un quart de la population adulte. Et 2032 c’est dans neuf ans …
Lettre morte … Aurélien Rousseau s’est bien gardé d’évoquer le fiasco la grande mobilisation de l’État chaque mois de novembre pour aider les fumeurs à se sevrer : « Mois sans tabac ». Bilan : 157 576 inscrits sur le site en 2023 contre 162 000 l’an dernier.
Lettre morte avec l’utilisation des éternelles vieilles recettes : comme le prix, toujours le prix et encore le prix. Dans cette période de matraquage inflationniste, les fumeurs vont-ils être vraiment impressionnés ? Rien n’est moins sûr. Avec le temps, ils savent tous comment s’approvisionner ailleurs …Les « Lidl « du tabac sont partout. Au coin de la rue, sur Internet …
Lettre morte … pour la généralisation des espaces sans tabac extérieurs (idée piquée à la Ligue contre le Cancer, au passage). Qui va être en charge d’appliquer et de surveiller ? Nombre de maires sont déjà montés au créneau pour expliquer qu’ils n’avaient ni les moyens, ni les effectifs.
Le discours a beau brandir des raisons autant sanitaires (tabagisme passif), moralisatrices (mauvais exemple auprès des enfants) qu’environnementales (les mégots), le principe d’une exclusion totale, sans exception, des fumeurs de ces espaces extérieurs est dangereusement liberticide et discriminante (voir les tribunes de Nathan Devers et Peggy Sastre, ci-dessous).
Dernière hypocrisie relevée, les jeunes. Ceux qui ne sont pas encore sous le joug de l’addiction au tabac … mais qui, tout de même, semblent se tourner vers les produits à nicotine, plus ludiques, plus parfumés (à l’image des saveurs alimentaires actuelles), et plus adaptés au marketing viral des réseaux sociaux.
Rendez-vous en 2027 pour le bilan …