Juin 222021
 

Normalien et agrégé de philosophie, Nathan Devers (22 ans) vient de publier aux éditions Grasset « Espace fumeur » dans lequel il dresse un portrait du fumeur au travers de ses expériences et de ses souvenirs personnels. Avec pour ligne conductrice, une question : peut-on s’arrêter de fumer sans oublier le fumeur qu’on a été ?

•• Dans ce livre, à mi-chemin entre l’essai et le récit, Nathan Devers raconte sa vie à la lumière de la relation qu’il a entretenue, pendant plus de dix ans, avec le tabac.

Il revient sur des expériences qu’ont sans doute partagées la plupart des fumeurs: la première cigarette, l’apparition de la dépendance, ses effets bénéfiques et néfastes, l’incapacité de faire quoi que ce soit sans « en allumer une », les vaines tentatives de sevrage – et puis l’invention d’une méthode, résolument personnelle, pour en finir avec cette addiction.

•• Outre le rôle de la dépendance, la cigarette est liée à l’idée de révolte et de désir. Selon l’auteur, « la cigarette a toujours été associée à la transgression, c’est-à-dire à la liberté. Pour donner un exemple, un enfant qui se rebelle contre ses parents fume. Il y a aussi l’apparition de la cigarette en politique comme par exemple avec les manifestations féministes aux États-Unis, les femmes se sont mises à fumer, sachant que jusqu’ici elles étaient exclues de la cigarette, c’était alors un véritable marqueur de liberté ». Lire la suite »

Mai 062021
 

En cette semaine où est évoqué le bicentenaire de la mort de Napoléon (ce 5 mai) …

•• Napoléon a rétabli le monopole du tabac mis à bas par la Révolution. Sachant que c‘est Colbert qui avait, le premier, établi le « Privilège de fabrication et de vente » sur les produits issus du tabac en 1674.

Le 29 décembre 1810, le monopole de l’achat des tabacs en feuilles, de la fabrication et de la vente des tabacs fabriqués est établi par un décret organique. Il en découle la fondation de la Régie des Tabacs et un vaste programme de construction de manufactures. Lire la suite »

Août 292020
 

Une tendance. Ces derniers mois, les médias adorent évoquer notre histoire contemporaine à travers la force évocatrice d’une chanson, d’un hit, d’un tube.

Ainsi, l’hebdomadaire Usine Nouvelle part chaque semaine, dans une rubrique « série d’été », à la découverte de l’industrie … à travers une chanson iconique. Hommage est rendu donc à Serge Gainsbourg avec son « Dieu est un fumeur de havanes ».

•• Inséparables comme Bonnie et Clyde : Serge Gainsbourg et la cigarette. Une relation qui semble impossible en 2020. Sur les plateaux de télévision et partout ailleurs, l’artiste (1928-1991) apparaissait la clope au bec. Lorsqu’il chante « La Javanaise », il fait danser la sèche entre ses doigts. En entretien, Gainsbourg cultive le beau geste et ponctue ses phrases d’une bouffée ou d’un claquement de briquet.

Même en déclarant sa flamme, le compositeur revient à son addiction. « Tu n’es qu’un fumeur de Gitanes », lui souffle Catherine Deneuve en 1980, dans un duo intitulé « Dieu est un fumeur de havanes ».

•• Serge Gainsbourg vient d’être plaqué par Jane Birkin lorsqu’il écrit la bande originale du film « Je vous aime » de Claude Berri. Comme Michel Sardou, Gainsbourg aurait trouvé l’inspiration dans un Concorde. Depuis l’avion supersonique, l’homme à la tête de chou aurait reconnu dans les nuages autant de volutes de fumées exhalées par un Dieu porté sur les cigares cubains.

Ainsi débute la chanson : « Dieu est un fumeur de havanes / Je vois ses nuages gris / Je sais qu’il fume même la nuit / Comme moi ma chérie ». Que produisent l’amour et le tabac si ce n’est le manque ? Gainsbourg ne sera pas le seul à jouer la comparaison. Dans un registre plus enjoué, Sylvie Vartan nous a offert « L’amour c’est comme une cigarette ».

•• Naturellement, la chanson de Gainsbourg évoque aussi une époque prospère pour le tabac français.

À l’époque, les Gitanes sont encore produites par une entreprise publique, la Société nationale d’exploitation industrielle des tabacs et allumettes (Seita). Jusqu’en 1976, la Seita va garder le monopole de la fabrication de tabac. Quand Gainsbourg et Deneuve chantent ensemble, la Seita compte 18 usines en France et 28 000 planteurs français.

Malgré cette forte empreinte industrielle, la Seita souffre déjà de la concurrence internationale en 1980. Année après année, les sites de production vont fermer leurs portes. Aujourd’hui, la marque Gitanes est détenue par le groupe Imperial Brands.

•• En 1991, Gainsbourg décède d’une crise cardiaque. La même année, la loi Évin est promulguée pour encadrer les publicités sur le tabac et interdire le tabagisme dans les lieux à usage collectif.

Indirectement, le texte va aussi affecter Gainsbourg. En 2009, une affiche du film « Gainsbourg (Vie héroïque) » est censurée par la régie publicitaire de la RATP. On y voyait un Serge Gainsbourg expirer une grosse volute de fumée.

Déc 262019
 

La sortie et la promotion médiatique de « La Vérité » de Hirokazu Kore-eda (avec Deneuve et Binoche) nous ramènent à de multiples évocations de Catherine et de sa forte personnalité de fumeuse, ces jours-ci. Comme dans le Journal du Dimanche du 22 décembre.

Hirokazu Kore-eda, le cinéaste : « chaque matin, on se retrouvait dans sa loge pour discuter des scènes du jour, des répliques qu’elle trouvait trop longues ou trop courtes. Ce qui m’a surpris ? Je savais qu’elle fumait beaucoup mais je ne pensais pas que c’était à la chaîne ! »

• Juliette Binoche : « un jour, je lui ai demandé une cigarette, même si je ne fume pas vraiment alors qu’elle est connue pour fumer beaucoup, et partout. Elle me l’a refusée, à moi ! Et puis elle a fini par me lancer son paquet de Vogue. J’étais contente, enfin un peu d’intimité ! C’est devenu un clin d’œil entre nous.  Et puis à la fin de la projection du film au festival de San Sebastián en septembre, elle m’a dit : « tu veux une cigarette ? » C’était drôle ! On a eu une complicité d’actrices, de femmes … »

Oct 012019
 

À la fois comédien, présentateur, chroniqueur, humoriste, auteur et réalisateur, Mathieu Ducrez interprète, sur les planches du Théâtre Montmartre Galabru (Paris), « Confessions d’un fumeur ».

Le pitch : à 15 ans, Mathieu commence à fumer pour se prouver qu’il est un homme, 30 ans plus tard, il essaie d’arrêter pour la même raison.

Sur scène, au début, le personnage tient encore une cigarette et va raconter sa vie « en fumée », avec humour et lucidité. L’occasion de comprendre les mécanismes de la dépendance au tabac, une prise de conscience qui va l’amener à « redevenir enfin libre ».

Co-écrit avec des anciens fumeurs, le spectacle se veut tragi-comique, délivrant souvenirs et anecdotes : « la vie d’un fumeur est suffisamment absurde tordue et compliquée pour que tous les ingrédients de la comédie y soient réunis. Ce qu’on voulait absolument éviter c’était d’être moralisateur ou culpabilisateur » explique Mathieu. Lire la suite »