Pro-tabac non. Anti-hygiéniste oui … L’agrégé de philosophie et auteur du livre « Espace fumeur » (voir 1 et 2) , Nathan Devers réagit dans un entretien Figaro Vox à l’interdiction de fumer dans l’espace public programmée dans le nouveau Plan national de Lutte contre le Tabac présenté cette semaine. Il voit dans ces mesures antitabac une forme de puritanisme qui tourne le dos à la liberté.
Le Figaro : Comment avez-vous accueilli l’annonce du ministre de la Santé sur l’interdiction prochaine de fumer sur les plages et dans les parcs ?
Nathan Devers : Peu d’étonnement, mais une forme de lassitude croissante. Je n’ai pas été surpris par ce plan antitabac annoncé par le Gouvernement, ni même par les réactions indignées de certaines associations estimant que ce plan n’allait pas assez loin. C’est la confirmation d’une politique qui, depuis des décennies, fait tout pour congédier la cigarette de l’espace public. On veut signifier clairement aux fumeurs qu’ils n’ont plus leur place dans la société. Le mythe de la « pause clope », du tabac comme vecteur de socialité, de mystère, de poésie, de rêverie, d’érotisme, d’inspiration, est définitivement mort. Lire la suite »
La Cour du Québec a décidé que fumer une cigarette sur scène « n’est pas un geste artistique » et que, par conséquent, aucun théâtre ne peut se soustraire à la loi antitabac.
La chroniqueuse de La Presse.ca, Chantal Guy– qui avoue ne pas réussir à arrêter pour de bon – livre un pamphlet sarcastique sur une énième humiliation des fumeurs « dans l’indifférence totale, puisque ce sont des pestiférés. On est dans la suite logique de la lutte contre le tabagisme ». Extraits
En lisant un peu plus sur cette nouvelle, j’ai appris cependant qu’il s’agissait de cigarette de sauge, pratique courante au théâtre et au cinéma pour recréer la cigarette sans la nicotine – on ne va pas forcer les comédiens à se droguer … Là, j’avoue que je suis embêtée, car je ne connais pas les effets de la fumée secondaire de la sauge. Mais peu importe, comme fumer, c’est mal, montrer un personnage qui fume du persil ou de la valériane, c’est mal, j’imagine. Je ne m’obstine pas.
••Comment en est-on arrivé là ? Il suffit d’avoir dans la salle un seul spectateur outré par une cigarette de sauge pour que la machine s’enclenche. Faut vraiment être zélé ou être un ex-fumeur très frustré.
C’est ainsi que trois théâtres de Québec ont vu débarquer des inspecteurs du ministère de la Santé et des Services sociaux et ont reçu des amendes, qu’ils ont contestées. Le juge leur a donné tort, car il estime que fumer « n’a aucun contenu expressif » et qu’il y a d’autres moyens de livrer « l’âme d’une représentation théâtrale » … Bref, interdire de fumer sur scène n’entraverait pas la liberté d’expression.
C’est très sérieux, la lutte contre le tabagisme, si vous ne le saviez pas, même quand il s’agit de sauge, car c’est tout ce qui se fume qui est interdit dans un lieu public. On veut vraiment l’avoir, notre monde sans fumée, et au théâtre … Si ça se trouve, c’est peut-être le même spectateur dans les trois cas, amant du théâtre et chevalier antitabac … On est plus ici dans une culture de délation, celle qui appelle les autorités, et qui existe de tout temps (…)
••Le lobby antitabac a gagné pratiquement tous ses combats, il ne lui reste plus qu’à traquer les derniers récalcitrants et les derniers détails jusqu’à l’éradication complète de la nicotine.
Mais je n’ai jamais rien entendu d’intelligent sur la nicotine, à part dans le livre Au feu du jour d’Annie Leclerc, qui a tenu son journal de sevrage. « La cigarette est la prière de notre temps », écrivait-elle en 1979. Ou chez Cioran, qui disait avoir perdu son âme en arrêtant de fumer.
La nicotine est devenue essentiellement une question de morale et de santé publique, personne ne s’interroge sur ce que cette drogue procure réellement au-delà de ses dommages bien réels. Une drogue consommée frénétiquement par des gens comme René Lévesque, Beauvoir, Sartre ou Camus, si bien qu’il m’arrive de penser que la chute de l’intelligence en Occident est directement liée à l’interdiction de cette substance, bien plus qu’à l’arrivée des réseaux sociaux, où on semble se défouler pour combattre une dépendance oubliée.
Quand je vois quelqu’un consulter son téléphone toutes les 15 minutes, je sais que je suis devant un drogué qui ressemble beaucoup au fumeur, avec son besoin constant de dopamine. Il n’émet peut-être pas de fumée secondaire, mais qui sait s’il ne pollue pas l’environnement avec des idées toxiques ? (…)
••La marche pour un monde sans fumée est depuis longtemps en branle, peu importe si elle nous mène dans un monde de plus en plus irrespirable. Quand on est incapable d’avoir un minimum de contrôle sur le parc automobile, les émanations de carbone, le smog, le réchauffement climatique et la sixième extinction de masse, on peut au moins taper sur les fumeurs pour se donner l’illusion d’un monde sain.
Et même sur des comédiens qui font semblant d’en griller une vraie sur scène, comme si ça allait nous sauver. Mais on se demande si, pour avoir des poumons roses, il faudra aussi porter des lunettes roses devant toute production artistique.
« Cachez ce fumeur que je ne saurais voir » dirait Tartuffe aujourd’hui.
C’est le Mois sans Tabac … Alors que plusieurs villes françaises, de toute taille, annoncent l’interdiction de fumer dans certaines zones en extérieur, l’« Espace sans tabac ». Ce qui fait bondir Nathan Devers : agrégé de philosophie, auteur d’« Espace fumeur », jeune ancien fumeur (voir 22 juin).
Dans une tribune de Figaro Vox, il dénonce cette vieille tendance de l’État à considérer qu’il est légitime de déterminer à leur place ce qui est sain pour les citoyens.
De prime abord, un quasi fait divers. Une dépêche insignifiante, presque sympathique, à tout le moins bénigne : des zones sans fumeurs (…) Les citoyens pourront s’y promener en paix, sans être incommodés, sans être intoxiqués, sans être assassinés par les fumeurs et leur mauvais exemple. Autour d’eux, plus d’odeurs qui empestent, plus de volutes grises, plus d’attitudes nocives. On aura enfin débarbouillé les rues de ces semi-drogués, de tous ces inconscients qui prennent plaisir à se mettre en danger (…) Lire la suite »
Ce triste dimanche, le paquet de cigarettes explose le plafond des 10 euros.
Taxé, surtaxé, le paquet atteint des sphères tarifaires inabordables. « 10,40 euros le paquet de 20 clopes ? Ah, quand même … »
Et pour ceux qui ont fait le choix de rester fumeur adulte et responsable, une double peine tombe sur leurs épaules : on se ruine et même plus la possibilité, avec ce confinement et ces entraves à la circulation, de s’approvisionner autrement et ailleurs.
Car il faut le dire gentiment à ceux qui pompent ainsi sans vergogne dans notre portefeuille : la course au tabac moins cher va devenir encore plus frénétique que la recherche de PQ une veille de confinement.
De plus en plus cher, le tabac va aussi devenir encore plus anonyme. Peu importe la provenance du paquet, l’authenticité même de ce qu’il contient, seul le prix compte. Dommage que le paquet neutre nous interdise d’avoir la moindre information sur la qualité et la provenance de ce que l’on fume (en dehors des avertissements sanitaires). À force de diaboliser le produit, on donne des ailes à la contrebande.
Le Figaro a publié, la semaine dernière, les résultats d’une étude du think-tank Molinari, relativement bien reprise dans les médias, au titre sans ambiguïté : « La fiscalité sur les carburants et les cigarettes : comment l’automobiliste et le fumeur ont été transformés en vaches à lait ».
Selon le mode de calcul de l’institut Molinari, les taxes diverses et variées s’appliquant sur les cigarettes pèsent ainsi jusqu’à … 554 % du prix de vente hors taxe. Concernant le carburant, elles atteignent 166 % du prix hors taxe à la pompe pour le SP 95 et 141 % pour le gazole. Bien loin, donc, des 20 % de TVA pesant sur les biens de consommation.
•• Ces prélèvements, très ciblés, rapportent 60 milliards d’euros de recettes fiscales aux finances publiques : un chiffre sans commune mesure avec l’importance économique des produits concernés, selon le point de vue de l’institut Molinari. « C’est 21 % de la fiscalité totale des biens et services, alors que les carburants et le tabac représentent 3,6 % de la consommation totale des ménages » souligne encore Cécile Philippe, présidente de l’institut Molinari.
Dans les produits de la fiscalité : 14 milliards d’euros proviennent de la TVA ; 33 milliards de la Taxe intérieure de Consommation sur les Produits énergétiques (TICPE) ; 13 milliards des Droits de Consommation sur le Tabac (DCT).Lire la suite »
« Nous sommes 13 millions » s’adresse aux fumeurs adultes et responsables. En application de la législation française sur le tabac, les mineurs de moins de 18 ans ne sont pas autorisés à naviguer sur ce site.