Sep 082017
 

Une leçon de rébellion bienvenue, dans ce temple du « rire de résistance » qu’est le Rond-Point de Jean-Michel Ribes à Paris.

La pièce « La nostalgie des blattes », écrite sur mesure par Pierre Notte, met en scène deux « vieilles vaches » (interprétées par Catherine Hiegel et Tania Torrens) qui n’ont jamais cédé au jeunisme triomphant, refusant botox et lifting avec dédain. Les voici exposées comme des bêtes de foire dans un musée, dans un monde aseptisé, javellisé, où on mange des « barres de légumes lyophilisées et sans gluten ».

Elles attendent le public (qui ne viendra pas), derniers vestiges d’un monde disparu sous les attaques de drones et régenté par une « brigade sanitaire » impitoyable, qui traque tout comportement déviant : consommation de sucre ou de tabac … Il faut voir Catherine Hiegel tirer avec volupté sur « la dernière cigarette », tout en fustigeant de sa voix de fumeuse la brigade sanitaire qui rode.

Le texte savoureux tire à boulets rouges sur notre société obsédée de jeunesse et de santé, mais c’est à ses deux actrices formidables qu’il doit de faire mouche.

Anciennes sociétaires de de la Comédie-Française, Catherine Hiegel et Tania Torrens campent à la perfection ces deux vieilles dames indignes, capables de mimer avec férocité un Alzheimer et un Parkinson pour mieux en rire, éternelles rebelles aux conventions de l’époque, qu’il s’agisse des régimes ou de la hantise des rides.

Le monde futuriste dépeint par Pierre Notte, à l’humour caustique, a fini par éradiquer toute vie, des abeilles aux moucherons, et on finirait presque par avoir « la nostalgie des blattes ».

La pièce sera en tournée à partir du mois de mars (Amiens, Caen, Versailles, Saint-Étienne etc.) annonce l’AFP.

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