« C’est fou, ce que l’on parle de vous, les fumeurs ! ». On m’a interpellé ainsi, hier matin, en faisant allusion à ce barouf médiatique orchestré par la mairie de Paris pour annoncer que, depuis le 1er octobre, on se fait taxer de 68 euros pour tout mégot jeté par terre.
« On parle de vous ! ». Tiens, je tombe sur Le Parisien (le numéro de vendredi) et je prends, dix secondes, le temps d’analyser comment on parle de nous à propos de cette histoire d’amendes à mégots.
• On nous « filoche » (surveille) comme des truands. Extrait de l’article : « Pour le flagrant délit, il leur a suffi de patienter quelques secondes. Rodolphe et Farid, deux inspecteurs de salubrité publique de la Ville de Paris, viennent à peine de se poster discrètement devant la gare RER de Denfert-Rochereau qu’un jeune homme écrase une cigarette au sol à l’arrivée de son bus. Il devra prendre le suivant … Les deux inspecteurs (qui patrouillent en civil) enfilent un brassard fluorescent, sortent leurs cartes professionnelles, leur carnet de PV et s’approchent du jeteur de mégot (…) « Jusqu’ à maintenant, nous faisions de la prévention, mais à partir d’aujourd’hui, on verbalise ». Surprise amère du jeune homme : « 68 euros pour une clope ? Franchement, c’est abuser ».
• On se fout de notre gueule : en racontant cette anecdote du contrevenant qui ramasse son mégot au milieu des autres dans le caniveau et tente de négocier l’annulation de l’amende.
• On nous menace : « Maintenant, on passe à la répression. Le jet de mégot dans la rue c’est de la pollution », comme le proclame l’adjoint au maire de Paris, Mao Peninou, dont le prénom nous rappelle un orfèvre en matière de répression collective.
Et pour les jeteurs de chewing-gum qui maculent de manière indélébile nos trottoirs, c’est pour quand la répression ?
Jo Bazizin
