Juil 062017
 

Plutôt anti-Macron, l’auteur d’un billet sur Altantico.fr de ce 6 juillet sur le paquet à 10 euros, annoncé dans la feuille de route du Gouvernement.

En restant au-dessus des prises de position politiques, affichées et exprimées de-ci de-là, on appréciera la démonstration d’Éric Verhaege, fondateur du cabinet d’innovation sociale Parménide et énarque, lui aussi. Extraits.

« Le paquet de cigarettes à 10 euros ? L’idée est aussi ancienne que bien connue, malgré ses origines obscures. C’est un peu comme si elle était dans l’air depuis longtemps sans qu’on ne sache plus très bien par qui elle est venue. Voici pourquoi En Marche l’a mise en œuvre dès son arrivée au pouvoir.

Premier point : la sociologie du fumeur n’est pas neutre. Selon les données les plus récentes, les fumeurs se trouvent d’abord dans les catégories sociales les moins favorisées. Ce fossé s’est beaucoup creusé depuis l’augmentation du prix du paquet de cigarettes. Ainsi, l’écart de la proportion de fumeurs chez les cadres et les ouvriers a augmenté de 2 points depuis que le tabac est surtaxé par l’État.

On aurait donc tort de croire que le renchérissement de la cigarette pénalisera les plus riches. Il frappera durement les catégories de revenus les plus modestes. Rappelons qu’en 2014, on comptait moins de 20% de fumeurs chez les cadres, alors qu’ils représentaient près de 40 % des ouvriers.  Autrement dit, le paquet de cigarettes à 10 euros, c’est une mesure jugée d’autant plus légitime par l’électorat d’En Marche qu’elle frappe l’électorat des autres partis.

Reste que le paquet de cigarettes à 10 euros pose un vrai problème moral. Selon les études menées, notamment le rapport de la Cour des Comptes de décembre 2012, le coût du tabagisme pour l’assurance-maladie est d’environ 12 milliards annuels. La taxe sur le tabac, qui représente 80 % du prix du paquet, rapporte 15 milliards.

Autrement dit, les fumeurs paient largement pour leur santé. Toute augmentation de la taxation les rendra financeurs très largement de l’assurance maladie.

Même en utilisant les estimations les plus pessimistes du coût sanitaire des fumeurs (environ 17 milliards par an qui pèseraient sur l’ensemble des acteurs de la santé), le paquet de cigarettes à 10 euros ressemblera à une contribution excessive des classes populaires au remboursement des frais qu’ils causent par leur vice.

Autrement dit, le gouvernement Philippe prépare le financement de soins apportés aux plus riches par une contribution nouvelle sur les plus pauvres.

Tout ceci pose la question de fond : pourquoi pénaliser les fumeurs ?

On entend bien la raison cachée, qui a désormais force de loi : il faut protéger les individus contre le mauvais usage qu’ils peuvent faire de leur liberté.

Au nom de la protection, il faut donc restreindre la liberté ».

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