On s’était déjà énervé sur le désamour de Paris pour les cendriers (voir NS 13 du 17 avril). On aura doublement raison, au regard de l’opération « cendriers de poche », organisée par la Mairie de Paris et deux syndicats professionnels (Synhorcat pour les restaurants, bars et cafés et les buralistes d’Ile-de-France).
Ainsi, avant de verbaliser sur le jet de mégot (68 euros à partir du 1er octobre), on va former et responsabiliser le fumeur « irrespectueux », avec la distribution gratuite de 15 000 cendriers de poche.
« Réutilisable à l’infini », « le nouvel allié indispensable de nos amis les fumeurs », « un visuel inspiré des pavés », le cendrier-pochette, d’environ 8 sur 7cm, aurait de plus le grand avantage de « neutraliser les odeurs » ont repris à l’unisson les médias le 16 juillet dernier, jour de lancement médiatique de l’opération.
Sauf que, foi de fumeur « civique », on n’a pas attendu ces professionnels pour comprendre que la pochette, on la balance à la poubelle dès la troisième utilisation : un, elle est impossible à nettoyer ; deux, dans un sac à main, la pression s’ouvre tout le temps !
15 000 cendriers de poche … Pour Paris, cela semble un peu léger. Les Parisiens vont partir en vacances, soit. Mais, c’est la grande saison touristique. De plus, la distribution va être limitée « aux établissements adhérents du Synhorcat dans les 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e et 9e arrondissements ». Un peu court.
Tout cela sent la « com », pour revenir au même résultat : à Paris, ni les opérateurs publics, ni les opérateurs privés ne veulent investir dans des cendriers. Et qu’ils ne se retranchent plus derrière « l’interdiction du cendrier comme vecteur de publicité pour le tabac ». Cela fait maintenant longtemps que les designers de mobilier urbain ont imaginé des cendriers ingénieux (du grand pot de fleur dans les jardins publics au cendrier en forme de phare de la plage de Biarritz) et que de plus en plus d’entreprises du tertiaire installent des cendriers muraux à leur entrée.
Que l’on demande aux fumeurs d’être responsables, d’accord. A condition que tout le monde y mette du sien. Et que chacun balaie devant sa porte. Sans compter qu’on va se ridiculiser aux yeux des touristes étrangers qui, pour la plupart, ont des villes équipées en cendriers parfaitement inscrits dans le paysage urbain.
Sophie Adriano