Le Festival de Cannes bat son plein et on attendait, depuis une semaine, l’offensive de la députée anti-tabac Michèle Delaunay (PS – Gironde) sur l’interdiction de la cigarette au cinéma (voir NS 13 du 8 avril). Courageuse – mais pas téméraire après la volée de noms d’ oiseau de Jean-Pierre Mocky et d’articles scandalisés (voir NS 13 des 17, 20 et 22 avril) -, elle remet ça sur son blog, ce mercredi 20 mai.
« Alors quoi, je veux « interdire » toute présence de la cigarette au cinéma ? Même pas ! ». Non, Michèle Delaunay a une nouvelle idée qu’elle doit trouver moins liberticide : une commission de déontologie qui contrôlerait « l’intérêt artistique ou historique de scènes de tabagisme, la multiplicité des scènes visant à banaliser la consommation du tabac ou identifiant le fait de fumer à la jeunesse, à la beauté, à la minceur et à la séduction ». En clair : une commission de censure.
Car Michèle Delaunay récidive dans la suspicion concernant les « scènes de tabagisme» dans les films , en particulier français (sur 180 films français sortis entre 2005 et 2010, 80 % en présenteraient selon une étude Ligue contre le Cancer / Ipsos) : « je sais, cher Jean-Pierre Mocky, qui avez hurlé des insultes dans mon téléphone après une simple question écrite, c’est désagréable à entendre mais c’est ainsi : le cinéma est un art, mais ce n’est pas l’Art qui pousse nos cinéastes à servir d’écran publicitaire et d’alibi à des multinationales de ce crime organisé, planifié, assumé qu’est le tabac ». Pas sûr que l’attaque calme Jean-Pierre Mocky.
Et Michèle reste plus que jamais Delaunay dans sa conclusion : « Jean-Pierre Mocky, tous les autres qui aimez cinéma et artistes, souvenez-vous de la toute dernière scène de Yul Brynner, peu avant sa mort d’un cancer pulmonaire. Il avait tenu à être filmé pour un ultime message : Now I am gone.. I just tell you : don’t smoke ! ».