Mar 062023
 

Dans sa chronique quotidienne sur France Bleu « Willy Rovelli met les points sur les i », le chroniqueur fait le tour des hausses de prix dans ses brèves de l’actu … comme les cigarettes :

« Bonjour la France en bleu, bonjour à tous. On commence par ces nouvelles augmentations du prix du tabac. Depuis 3 jours, un paquet coûte 12 euros.

Oui, le cancer du poumon est désormais considéré comme un signe extérieur de richesse.

Avant, les clopes, c’était le cow-boy Marlboro, maintenant ça sera le bonhomme Cetelem. Attention, 3, 4 : J’ai du bon tabac dans ma tabatière, mais à ce prix-là, bah, ça tu n’en auras pas ! »

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Août 112021
 

Fort à propos cette tribune signée Corinne Lhaïk et publiée en Une de L’Opinion de ce 10 août. 

Car sans prendre parti pour ou contre le pass sanitaire ou pour ou contre la vaccination, on aura entendu beaucoup de déclarations sur les non-vaccinés (« irresponsabilité », « ce n’est pas la liberté » …) qui ne sont pas sans rappeler les discours récurrents sur les fumeurs.

« Avis au lecteur : toute ressemblance entre le propos qui suit et le pass sanitaire serait totalement fortuite. 

•• Le 1er janvier 2008, la fréquentation des restaurants, bars et cafés, était interdite à des millions de Français. Ils refusaient un vaccin ? Non. Un test médical ? Non, pire : ils fumaient !

Ce jour-là entre en vigueur un décret qui doit tout à l’implication du ministre de la Santé et des Solidarités de l’époque, Xavier Bertrand. « Ce n’est jamais facile d’arrêter de fumer. Je suis aussi passé par là », confiait-il à des internautes qui l’interrogeaient sur le site de Matignon.

L’interdiction se veut pédagogique et bienfaisante : il s’agit de protéger ceux qui ne fument pas du tabagisme passif et de détourner les autres de la nicotine. Tiens, comme aujourd’hui avec le pass sanitaire qui entend orienter les Français vers le vaccin. Mais toute ressemblance, etc. etc. 

Pourtant, ces lieux où l’on pratique l’art de vivre à la française, comme l’on dit aujourd’hui à l’Élysée, sont entourés d’une relative mansuétude. Alors que la cigarette, le cigare et la pipe sont bannis des lieux publics depuis le 1er février 2007, les bistrots, troquets et autres rades sont en sursis jusqu’au réveillon de l’année suivante.

•• Mais le 2 janvier 2008, une fois dissipées les vapeurs d’alcool et de tabac, la dura lex sévit. Enfin, presque : le ministère de la Santé précise que les sanctions seront d’abord limitées, le Gouvernement comptant sur la pression sociale et l’adoption spontanée de la mesure. Tiens, comme aujourd’hui avec le pass sanitaire.

La nouvelle règle est contestée, conspuée, mais adoptée. Avec une échappatoire : les terrasses, non soumises à interdiction, deviennent le refuge des accrocs (tiens, pas comme aujourd’hui pour le pass). Des armées de chaufferettes garantissent le confort des fumeurs l’hiver. Pas de chance : la loi vient de les interdire à partir du 31 mars 2022, protection du climat oblige. »

Juil 292021
 

Clin d’œil humoristique d’un journaliste canadien (Yves Boisvert, La Presse) couvrant les Jeux Olympiques. Il est fumeur. Tout comme un certain nombre de personnes qui accompagnent les délégations aux JO. Retour d’expérience. 

Tiens, une file. Ils sont une dizaine, dans la cour intérieure très zen du centre des médias. Pourquoi font-ils la queue, quelle que soit l’heure ?

•• Ils attendent leur tour pour pénétrer dans un rectangle délimité par des arbustes. C’est le coin fumeur. Il n’accepte que six grilleurs de clopes à la fois, chacun dans ses 4 mètres carrés. Pour savourer pleinement ce moment de détente en plein air, les fumeurs tournent le dos à la file. C’est pas super relaxant de voir dix gars et filles taper du pied en attendant qu’on ait pris sa dernière taffe.

•• Pourtant, on est « dehors », même si l’endroit est encadré d’édifices. Mais voyez-vous, au Japon, c’est dehors qu’on n’a pas le droit de fumer, et c’est en dedans qu’on peut allumer.

J’exagère, mais pas tant : il est interdit de fumer sur les trottoirs à Tokyo, mais on peut encore trouver des cafés, des bistros et des bars où il y a une zone fumeurs. La loi interdit depuis deux ans de fumer dans les restos, mais comme souvent au Japon, il y a des exceptions, des interprétations et des moyens de contourner l’interdiction.

Il faut dire que les trottoirs, quand on n’est pas en été de pandémie, sont densément peuplés, et l’interdiction sert autant à ne pas enfumer le voisin de gauche qu’à ne pas brûler le voisin de droite. Il n’en reste pas moins que pour l’Occidental, il y a un certain étonnement à voir des carrés « fumeurs » où sont rassemblés pour quelques instants les fumeurs urbains.

•• Il va de soi qu’on n’écrase pas ses mégots dans la rue, pas plus qu’on ne jette des déchets sur le trottoir. Qui ferait une chose comme ça ? Appelons la ville, Tokyo la nette. Plus propre que ça, tu fais des opérations à cœur ouvert dans un parking ou des concours de léchage de bancs de parc.

•• D’après les données de l’OMS en 2015, le Japon arrive au 60ème rang mondial pour la prévalence du tabagisme : 22 % des Japonais fument. Moins que la Grèce (42 %), l’Allemagne (30 %), la France (27 %) ou la Chine (25 %), mais plus que les États-Unis (17 %) ou le Canada (15 %).

Quel que soit le pays, remarquez, l’habitat naturel du fumeur se réduit aussi vite que celui du caribou forestier, qu’on met en enclos lui aussi. L’hiver à Montréal, on va se les geler par -20 sur les trottoirs. L’été à Tokyo, on prend son numéro pour fumer dehors.

Mar 282021
 

Petite scène des coulisses de la vie politique, ce week-end, dans le supplément M du Monde. Ou plutôt, détail de la vie agitée du business des médias.

On aura beau nous en avoir servi des tartines sur l’indépendance de la presse. Ce sont les mêmes ficelles qui sont agitées. Celles où quelques marionnettistes arrangent ce qu’il faut arranger au-delà des vraies-fausses rivalités politico-financières.

Tout cela pour apprendre dans le M du Monde que Nicolas Sarkozy a arrangé, à la fin de l’été dernier, un dîner entre Emmanuel Macron et Vincent Bolloré, l’homme d’affaires propriétaire, notamment, de Canal et CNews et dont on sait qu’il n’est pas en odeur de sainteté à l’Élysée.

Détail qui nous intéresse. Nous citons : « À la fin du repas, le trio sort fumer un cigare, selon le rituel des businessmen. Malgré ce calumet de la paix, la hache de guerre ne sera pas enterrée. » Ah ! Ce détail qui nous renvoie aux effluves de l’ancien monde !

Fév 232021
 

Depuis la mi-janvier, les Milanais n’ont plus le droit de fumer en extérieur à moins de dix mètres d’une autre personne. Une règle qui horripile l’écrivain italien Antonio Scurati (connu en italie pour un livre à succès sur l’ascension de Mussolini).

Il explique pourquoi dans cette tribune du Corriere Della Sera fustigeant une « idéologie intégriste prônant une vie saine sur injonction de la loi ». Extraits.

« Je suis fumeur. Avant d’être fumeur, je suis une personne qui a des droits, un individu avec ses singularités, un être humain avec ses faiblesses et ses forces, ses quelques qualités et ses vices inextirpables, un citoyen libre d’une ville libre, ouverte, tolérante.

Le décret sur la qualité de l’air par lequel la ville de Milan prévoit d’interdire partout et à tout le monde de fumer en extérieur d’ici à 2025 est à mon sens et, comme son nom ne l’indique pas, étouffant, injuste, inutile. Non parce qu’il frappe les fumeurs, mais parce qu’il enfreint les droits de la personne, soumet l’individu à un contrôle abusif, porte atteinte à la liberté du citoyen et, surtout, parce qu’il se méprend totalement sur l’être humain.

•• « Partons des faits. Le fait n’est pas que, comme le prétend la propagande officielle, en verbalisant depuis le 19 janvier toute personne qui allume une cigarette à un arrêt de bus, dans un parc, un cimetière ou sur les gradins d’un stade, le chef-lieu de la région de Lombardie se soit engagé à devenir une « green city smoking free » Non, le fait est que l’air de la plaine du Pô est le plus pollué d’Europe (…)

Il est donc évident que, faute de pouvoir attaquer le problème à la racine, on choisit de se replier sur la bonne vieille tactique éprouvée du bouc émissaire. Face à l’entreprise colossale qui consisterait à mettre en œuvre une vraie « révolution verte » dans l’industrie, l’agriculture, les transports et [contre] le réchauffement, on préfère jeter l’opprobre sur le fumeur, montré du doigt comme agent propagateur.

•• « Une deuxième raison devrait inciter tout le monde – les fumeurs comme les non-fumeurs – à s’insurger contre cette idéologie intégriste prônant une vie saine sur injonction de la loi. Nous vivons dans un monde où de puissantes forces historiques font peser sur la liberté individuelle une pression de plus en plus suffocante. Quatre gigantesques multinationales « les Gafa » monopolisent désormais l’information, le commerce, les relations sociales, les biens de consommation culturelle. La sphère de vie individuelle laissée libre est aujourd’hui pratiquement réduite à néant. La pandémie de Covid-19 a encore aggravé cette crise sans précédent des prérogatives individuelles, autorisant les États libéraux à imposer des restrictions et des contraintes qu’aucune dictature n’avait jamais osé imposer. Les technocrates qui préparent la culture civique de demain devraient rendre sa place centrale à l’individu, et non la lui retirer. 

•• « Venons-en enfin à la troisième cause de mon indignation, la plus importante : il n’existe aucun « corps sain » et pas davantage de vie immunisée contre les maladies (…) C’est la leçon que nous aurions pu tirer du Covid-19 : l’homme est un animal fragile, précaire, vulnérable, et donc, par sa constitution même, « malade » Il naît, avec un peu de chance il s’épanouit, brièvement, il mène une existence chétive, il triomphe un instant, il tombe malade, guérit parfois, puis, inexorablement, il meurt. (…)

« Toute politique prônant une « vie saine » qui ne tienne pas compte de cela n’aura rien compris de la condition humaine. Je veux une « ville verte », je rêve de ciels propres et de forêts urbaines, je suis tout disposé à me battre et à payer des impôts pour obtenir tout cela, mais à la seule condition de pouvoir rester moi-même, un homme libre avec ses (rares) qualités et ses (inextirpables) vices, sous ces ciels et sous ces frondaisons. (…)

•• « J’annonce, donc, dès aujourd’hui, ma désobéissance. Je fumerai, évidemment, dans le respect des autres. Toujours en évitant de gêner mon prochain. Je m’éloignerai, mais je fumerai. En homme libre dans une ville libre. Dans la ferme conviction que ce sera un geste de désobéissance civile. »