La Loi Évin (1991) et son petit frère « le décret Bertrand » (2008) ont envoyé les fumeurs sur les trottoirs et par tous les temps. Il s’agit de mieux protéger les non-fumeurs et de tout tenter pour nous faire arrêter …
Soyons francs, ce fut un tournant vers une meilleure prise de conscience des inconvénients du tabagisme passif et des responsabilités à assumer par les fumeurs.
Soyons directs, ce qui a été et reste indigne c’est la froide intention d’ériger un « mur d’hostilités » entre non-fumeurs et fumeurs.
Le mur est, peut-être, en train de se lézarder parce qu’en parallèle, notre pays est devenu si normatif qu’il tue à petit feu convivialité et lien social. Et cela, de nombreux fumeurs ET non-fumeurs le ressentent et le regrettent. Ce qui est subtilement ressorti de plusieurs reportages dans les médias autour de la loi Evin, à l’occasion de ses 25 ans. On vous les livre tels quels.
•• L’actrice Sylvie Testut, invitée sur France Inter (« Si tu écoutes, j’annule tout »), le 13 janvier -jour de la sortie du film de Diane Kurys « Arrête ton cinéma » – dans lequel elle n’arrêterait pas de « cloper », comme dans sa propre vie : « vous avez remarqué comment, dans les fumoirs des établissements, tout le monde se retrouve, même les non-fumeurs (…) je les vois ainsi arriver dans les volutes et ils viennent discuter et ils se moquent des volutes qu’ils sont en train de respirer (…) finalement tout le monde se retrouve dans le fumoir, là où on est plus détendu … il se passe quelque chose ».
•• Dans un café d’un gros bourg de l’est de la Somme, l’odeur de tabac monte au nez dès l’entrée et un cendrier rempli de mégots trône sur le zinc. A l’heure de l’apéro, les habitués fument ou sortent leur pot à tabac pour se préparer quelques cigarettes d’avance. « Je ne viens pas ici parce que c’est un bar fumeurs, c’est surtout l’ambiance qui me plaît » assure un client à un journaliste du Courrier Picard, ce dernier ajoutant que, même pour un non-fumeur, il y avait quelque chose de vivifiant … Dans la commune, le fait est connu de tout le monde, y compris des autorités. Et il ne serait pas le seul en Picardie. « Il faut garder un peu de souplesse » argumente le patron, « les clients qui viennent chez nous sont là en connaissance de cause. Et quand une dame vient avec des enfants, tout le monde fume dehors ».
•• Même ambiance dans le Gard, en zone rurale ou dans les quartiers populaires. « Là, vous voyez on ne s’est jamais arrêté de fumer, en tout cas à partir d’une certaine heure, le soir. Et moi, le premier » assure un des six fumeurs présents au Midi Libre. Ailleurs dans le département, un patron d’établissement regrette d’appliquer strictement la loi, depuis un contrôle. « Bon, ça coupe l’apéritif et celui qui reste au comptoir parce qu’il ne fume pas, alors que tous ses copains sont dehors, eh bien il est tout seul comme un couillon. En tout cas, cela ne m’a pas amené une autre clientèle, soit disant plus familiale, comme ils disaient quand la loi est passée. Mes clients sont les mêmes qu’il y a dix ans ».