« Nous sommes 13 millions de fumeurs adultes et responsables » n’a rien contre la vape … d’autant que la plupart des vapoteurs sont des fumeurs en France : les vapofumeurs. Et qu’après tout chacun aspire ce qui lui plait.
Cependant, on aura remarqué, hélas, que le 100 % vapoteur est le premier à nous stigmatiser. Et qu’il est un tantinet arrogant. C’est pourquoi ce billet du magazine M du Monde – dans la série des Post et Postures sur les réseaux sociaux de ce mois de juin – va nous apporter une petite revanche.
« Sur Instagram, le porno est interdit, mais il existe des millions de hashtags dérivés du #porn, la plupart étant fantaisistes. Un paradoxe distrayant qui laisse s’exprimer plus de 9 millions d’adeptes du #vapeporn.
« Ces accros à la vaporette ne sont pas peu fiers de ce qu’ils portent à la bouche toute la journée. Ils traitent leur instrument avec autant de satisfaction bravache que s’il s’agissait d’une voiture de course. Mieux qu’une Ferrari, la vaporette produit des fumées qu’il est possible d’expulser de manière artistique dans un jet blanc et vaporeux. Faire des volutes, le plus ample possible, est sujet de fierté, voire de compétitions par clichés Instagram interposés.
« Mais, au royaume de la vaporette, l’instrument est roi, « tuné » au possible d’une manière qui ferait pâlir les plus grosses cylindrées. La vaporette tunée existe en version K 2000 avec écran tactile futuriste et profil spatial mais, aux dernières nouvelles, aucun permis de conduire n’est requis pour manipuler cet instrument high-tech contondant. Certains adeptes du #vapeporn préfèrent la vaporette-bijou. Métallisée, gravée de motifs plus ou moins menaçants type tête de mort (on sous-estime beaucoup le potentiel bad boy ou bad girl du vapoteur), elle présente des volumes de carrosserie impressionnants qui évoquent aussi irrésistiblement le profil de certains sextoys de luxe.
« Dans le monde du #vapeporn, elle est l’instrument favori des exhibitionnistes. Si les véhicules motorisés doivent se contenter d’un choix de carburants limité (diesel, sans plomb …), le menu des « jus » du #vaporn est beaucoup plus vaste, avec option gourmande. Derrière des étiquettes aux couleurs agressives-régressives se cachent des parfums, « pudding à la banane », « lait fraise », « cerise et crème » par exemple, qui laisseraient penser – à tort – à un partenariat avec le glacier Ben & Jerry’s. »