Avr 112015
 

Une phrase à méditer. Elle a été captée, lors de l’un de ces multiples échanges pendant la discussion sur les nouvelles restrictions anti-tabac que vient de faire voter Marisol Touraine, comme le paquet neutre, et dont on a encore entendu relativement peu parler dans les médias. C’est peut-être d’ailleurs la preuve que la mesure ne sera pas encore appliquée l’année prochaine, comme annoncé : il faut que ça passe au Sénat et on imagine que les fabricants de tabac, qui risquent de perdre leurs marques, vont multiplier les procédures juridiques.

Mais revenons à la phrase en question : « un jour, pas si lointain, personne ne comprendra que l’on ait pu fumer, longtemps et partout, alors que l’on était informé … »

Ça laisse rêveur, car il va bien falloir nous expliquer, justement, pourquoi « on est informé », de mille façons, depuis pas mal de temps, et que le tabac – dont on sait bien que c’est la première cause de mortalité évitable – est toujours autant consommé.

Campagnes incessantes de presse ; cours spéciaux à l’école ; recommandations pressantes de quasiment tous les parents ; « fumer tue » sur les paquets qui maintenant portent des photos-repoussantes ; spots TV ; discours-coups de canon d’éminents professeurs chaque fois qu’il y a débat sur le sujet, … chacun complétera la liste.

Et maintenant, le « paquet neutre » pour le seul produit (pour le moment) qui risque d’être commercialisé avec un emballage faisant passer un unique message sur 100 % de sa surface : « attention, poison, surtout n’achetez pas ni ouvrez ce paquet ! ». Et pourtant, tout laisse à penser que le marché du tabac ne va pas s’effondrer pour autant.

C’est donc la preuve que s’il y a information (et même surdose d’information, avec le paquet neutre) ça ne suffit pas. Ça ne marche pas en soi. La stricte interdiction? La prohibition? Personne n’ose et n’y croit, non plus.

Alors pourquoi pas plus de prévention intelligente et, surtout, adaptée à chaque cas et situation ? : on n’a pas la même attitude face au tabac quand on brave les interdits de sa jeunesse, quand on fume adulte, quand on veut s’arrêter, quand on est bien ou pas bien dans sa tête ou son corps, quand on fume beaucoup ou de temps en temps, quand on est chômeur ou à l’aise dans son travail … etc … etc.

Si un jour, ceux qui nous veulent du bien voulaient comprendre … Plutôt que de multiplier humiliations disproportionnées et interdictions superflues, grandes déclarations incantatoires et petites phrases qui sont autant de constats d’impuissance.

Jo Bazizin

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