Une fois de plus, nos associations anti-tabac démontrent qu’elles sont plus promptes à « occuper la scène médiatique » qu’à faire du vrai travail de terrain dans leur combat contre le tabagisme. La polémique actuelle sur les proviseurs qui ont accepté – temporairement – la mise en place de « zones fumeurs » dans les cours de leur établissement (voir NS 13 des 14 février et 10 janvier 2016) est révélatrice.
Sachant que « la tolérance » pour certains, « la violation de la loi Évin » pour d’autres n’est pas nouvelle : elle remonte au lendemain des tueries du 13 novembre et de la mise en place de l’état d’urgence, forcément synonyme d’exceptions à la norme.
• Qu’ont fait les associations anti-tabac depuis, face à ce qu’elle qualifient d’« aberration » ? Une question écrite à la ministre par-ci, des courriers aux responsables d’établissement par-là . Et personne n’a daigné répondre.
Pas étonnant, au regard de leurs arguments consistant à « dénormaliser absolument, totalement et définitivement le tabac ». Alors que les proviseurs, via leur syndicat, ne cessent de marteler qu’ils privilégient le risque imminent – en décembre, Etat Islamique avait appelé à prendre pour cible l’école et les enseignants – au risque qui se déploie dans le temps. Une vision partagée par la fédération des parents d’élèves FCPE.
Pas étonnant, non plus, face à leur hypocrisie revenant à s’occuper des jeunes quand ils fument dans l’enceinte des lycées… mais pas à l’extérieur. Voire à ne pas s’en préoccuper du tout. C’est ce que fait bien ressortir un article du Monde, citant le proviseur d’un lycée de Lyon : « j’ai vu des dealers profiter de l’occasion pour approcher des plus jeunes. Mais, jamais, jamais, des associations anti-tabac » (édition datée du mardi 5 avril).
• Alors, maintenant, l’association Droit des non-fumeurs (et, sur un cas, le Comité national contre le Tabagisme) ont décidé de déposer des recours à l’encontre de certains proviseurs et de leur rectorat. Trois recours en région parisienne et un à Lyon … Pourquoi aussi peu, d’ailleurs, alors que la proportion d’un lycée sur deux pratiquant « la tolérance » est avancée ?
Pourquoi, surtout, faire porter le chapeau à des fonctionnaires qui ne font qu’appliquer un texte signé par deux ministres (Intérieur et Éducation nationale) et non pas attaquer la circulaire elle-même, si elle est si illégale que cela ?
Nous, fumeurs adultes et responsables, avons compris depuis longtemps à quel point la méthodologie de leur lutte anti-tabagique était plus idéologique qu’efficace et pragmatique.
Sophie Adriano