Que l’on soit d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, quand on est un politique, les élections ça stresse. Et quoi de mieux que la lente dégustation d’un cigare pour suivre le décompte des résultats. Manuel Valls y avait eu recours le soir des départementales l’an dernier (voir NS 13 du 27 mars 2015). Dimanche dernier, c’était au tour du chef des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), à l’issue du référendum sur l’accord de paix « final et définitif » destiné à mettre fin à un conflit intérieur de 52 ans.
Rodrigo Loroño, plus connu sous ses noms de guerre « Timoleon Jimenez » ou « Timochenko », était revenu à Cuba ce soir-là. Confortablement installé dans un imposant fauteuil en cuir d’un club de la ville, en compagnie d’autres dirigeants de la rébellion et de journalistes, le chef de la guérilla a passé plus de deux heures à suivre la chaîne de télévision Telesur, un cigare cubain aux lèvres.
A l’issue d’un décompte final de plus en plus inéluctable en faveur du « Non », Timochenko, stoïque, a tiré une dernière bouffée de son « puro » et a sorti de sa poche une feuille qu’il déplia. On pouvait y lire « Non » en haut à gauche de ce qui s’avérait être un bulletin.