Août 152017
 

L’ancien ministre et philosophe Luc Ferry s’est fendu, récemment, d’une tribune dans Le Figaro où il entend « en finir avec le tabac », avec les poncifs habituels. Un lecteur du site Le Monde du Tabac a réagi par un billet bien tourné que nous reprenons ci-après

« Remplacez le mot tabac par alcool, sel, sucre, mal bouffe, sports à risque, extrémisme religieux… et vous pouvez pondre exactement le même texte. Interdisez le tabac, les gens se tourneront vers autre chose, drogue ou anti dépresseur. Son interdiction produira inévitablement des trafics, de la criminalité et des prisons causant de la souffrance supplémentaire. Ce n’est pas l’interdit qui doit être promu mais la responsabilité individuelle, celle qui consiste à ne pas demander en permanence à l’État ce que l’on peut faire ou pas comme un enfant de six ans qui découvre le monde. Cela s’apprend, dès le plus jeune âge. Notre société aura gagné le jour où le tabac, gratuit, n’intéressera plus personne.

« Le tabagisme, l’alcoolisme, la toxicomanie, le jeu, toutes les addictions sont les conséquences d’un seul véritable fléau : la souffrance. Le produit n’a aucune importance.

« La plupart des héroïnomanes, soldats pendant la guerre du Vietnam ont arrêté cette drogue après la guerre. La souffrance liée à la guerre n’étant plus présente, l’addiction (pourtant très forte) à l’héroïne disparaissait. Placez un rat de laboratoire dans un environnement agréable avec des congénères et de la nourriture, il n’appuiera plus de manière compulsive sur la manette à cocaïne comme le fait cet autre, laissé seul et sans autre occupation.

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Avr 132017
 

Sans que nous nous en rendions compte, au nom de la chasse « aux mauvaises conduites comportementales sur le plan de la santé », on nous conditionne, on nous dicte notre façon de vivre et de jouir de la vie.

Bienvenue dans le monde du « Big Brother sanitaire ». Ou « Little Brother », si vous voulez. Une sorte de dictature comportementale où tout est vu par le petit bout de la lorgnette.

Tenez « Little Brother », c’est le titre du dernier bouquin de Raphaël Enthoven. Et l’autre jour, il en assurait la présentation (extrait) :
« Je voulais inscrire ce livre dans la façon dont la démocratie revisite la surveillance de 1984 (l’ouvrage d’Orwell / ndlr).
« D’où le titre Little Brother. C’est un despotisme sournois qui prend la forme de la tyrannie de la majorité.
« Ce qui est amusant, c’est de voir comment ce despotisme implicite infuse nos objets. Prenons un exemple. Quand LA BNF choisit une photo retouchée de Sartre (sans sa cigarette) pour le catalogue de l’expo qui lui était consacrée en 2005, on est en plein révisionnisme ».

Déc 162016
 

En Autriche aussi, il existe des philosophes qui s’en prenne à l’hygiénisme autoritaire (voir NS 13 du 4 novembre) … Ainsi, Robert Pfaller, philosophe spécialiste du plaisir et professeur à l’université de Linz, explique dans une interview aux Inrocks que nous aimons fumer précisément parce que nous savons que cela nous fait du mal. Entretien entre vice, délice, et prise de risque.

• Instaurer un paquet neutre peut-il avoir une influence sur notre consommation de tabac ?

Robert Pfaller : Ni les mises en garde verbales ni les images de choc n’ont par le passé diminué la consommation de tabac. Donc, je pense que les couleurs ennuyeuses du paquet neutre vont juste détruire un peu de beauté, sans en revanche améliorer la santé de personne. Lire la suite »

Déc 042016
 

gotlib

Un clin d’œil au père de « Gai Luron », Marcel Gottlieb (de son vrai nom) parti à 82 ans.

Lui qui enchaînait les BD – entre Pilote et Dingodossiers – seul à sa table en fumant Marigny sur Marigny.

Sans oublier Superdupont, qui, par patriotisme économique, consomme trois paquets de Gauloises par jour afin de soutenir la Régie des Tabacs, mais les fume sans les allumer pour ne pas contrevenir à une campagne anti-tabac du ministère de la Santé.

Nov 042016
 

raphael-enthovenBelle envolée du professeur de philosophie Raphaël Enthoven – au lendemain du lancement du « Moi(s) sans tabac » – dans sa chronique « La Morale de l’Info » sur Europe 1.

Ou plus exactement, une grosse charge de plombs à l’encontre « des vertueux », des malins « avec le rose imaginaire de leurs poumons » qui « croient ne jamais mourir en ne fumant pas » … Un pamphlet à savourer, par petites bouffées, dans son intégralité.

•• « Pour arrêter de fumer, « Moi(s) sans tabac » met à la disposition des fumeurs un ensemble d’outils aux noms tout à fait ambigus. Il y a le livret « je me prépare avec mon agenda » ; le sticker « je retrouve la forme, pas les formes » ; la roue « je calcule mes économies réalisées » ; le tout assorti de promesses qui résonnent comme des menaces : cancer, arrêt cardiovasculaire, etc.

« Ambigus, parce qu’ils parlent tous à la première personne, c’est-à-dire à la place du fumeur.

•• « N’est-ce pas le propre de l’empathie ? Non, l’empathie est de se mettre à la place de l’autre et d’écouter ce qu’il a à dire. Ici, c’est l’inverse : en disant « je », à la place du fumeur, on se substitue à lui, on décide pour lui et, tout en prétendant être à son écoute, on le prive de parole.

•• « Si le fumeur avait le droit de parler, ce qui, en terre démocratique, n’est autorisé que s’il est pénitent, il dirait peut-être ceci : Lire la suite »