Oct 182017
 

Six Français sur dix applaudissent la hausse des prix du tabac, selon un sondage publié dans Les Échos du 17 octobre, et largement relayé par les médias « moutons de panurge ».

52 % estiment même que la mesure va « dans le sens de l’histoire ». Ouah ! Rien que ça. On a tout de même échappé au H majuscule.

Ne soyons pas étonnés de ces résultats « proches du plébiscite ». Un panel – de 992 personnes adultes – représentatif des sympathisants des courants ou partis politiques. On ignore, là-dedans, si les fumeurs sont particulièrement pris en compte.

Ensuite, les sondés s’emmêlent les pinceaux. 72 % pensent que la mesure est surtout motivée pour des raisons financières, plutôt que pour la santé publique 27 % (là, ils ont tout compris). En même temps, 91 % estiment que cela va booster les achats dans les pays frontaliers et 88 % la contrebande. C’est donc cela, le sens de l’histoire : en faire rentrer le moins possible dans les caisses de l’État au profit du marché parallèle.

Comme le paquet à 10 euros, le sondage est un costard taillé « sur mesure » par et pour Emmanuel Macron. Commentaire de Gaël Sliman, président d’Odoxa : « ce dernier profite que deux Français sur trois ne soient pas fumeurs pour bénéficier d’un fort soutien dans l’opinion sur une mesure qui consistera à prélever plus d’argent aux contribuables », mais pas de leur poche. Sympa ! Lire la suite »

Mai 142017
 

La deuxième édition de l’Indice 2017 des « États paternalistes » – réalisé par Epicenter (European Policy Information Center), une association de six groupes de réflexion européens faisant la promotion de politiques libérales – propose un classement des « pires endroits de l’Union européenne pour manger, boire, fumer et vapoter ».

Les pays les plus durs – la Finlande, le Royaume-Uni et l’Irlande – ont tous des taxes très élevées sur l’alcool et le tabac, ainsi que des interdictions sévères quant à la vente et l’usage du tabac, selon l’indice qui classe la France en 6ème position. À l’inverse, en République tchèque et en Allemagne, les taxes sur l’alcool et le tabac sont plus équilibrées et les gouvernements « n’essayent pas de contrôler l’alimentation des citoyens et traitent les fumeurs et les vapoteurs avec respect ».

•• « La Finlande a une avance presque irréductible du fait de son approche négative vis-à-vis des e-cigarettes, de ses taxes sur les sodas et de ses lois de modération, qui incluent une interdiction presque totale de faire la publicité de l’alcool et un monopole d’État sur la vente d’alcool », explique Epicenter. Ceci, alors que … la Finlande est une référence – avec l’Australie – souvent citée par Emmanuel Macron durant sa campagne, concernant la lutte anti-tabac. 

Les politiques « paternalistes », sur le style de vie des citoyens, de la Hongrie (qui a introduit une taxe controversée sur la graisse en 2011) de la Suède, de la France et de la Lettonie sont également dénoncées.

•• Cette année, les groupes de réflexion ont tenté de savoir si les taxes sur certains aliments et les mesures visant le tabac avaient eu un impact positif sur la santé publique. Epicenter a conclu qu’il y avait « peu de preuve » de leur efficacité. L’association n’a par ailleurs trouvé « aucune corrélation entre l’indice des États paternalistes et l’espérance de vie ».

Sep 242016
 

Ponte MedecinOn a appris ces jours-ci que, selon une enquête européenne menée en avril et juin 2015, les lycéens fument et boivent moins qu’il y a quatre ans. Même les jeunes Français : 23 % des élèves de seconde en fument une par jour et 57 % l’ont expérimenté une fois (soit une baisse de neuf points).

Bonne nouvelle pour les autorités … qui font part d’une certaine surprise et ne savent pas trop comment analyser le résultat, à en croire leurs interventions dans les médias.

« Soit la nouvelle génération qui arrive est moins consommatrice, soit l’âge d’entrée dans les usages a été repoussé, on ne peut pas encore trancher » tente d’expliquer dans Le Monde François Beck, le directeur de l’Office français des Drogues et Toxicomanie. N’importe quel quidam aurait pu fournir la même réponse.

Tout de suite après, il ressort l’éventail habituel des « outils de la dénormalisation du tabac » : hausse du prix du tabac, interdiction de la vente de cigarettes aux mineurs depuis 2009, interdictions successives de fumer dans les transports en commun, dans les lycées … Il ne doit pas lire attentivement les journaux depuis le début de l’année – entre les wagons fumeurs du Transilien et la fronde des proviseurs pour protéger leurs élèves fumeurs malgré la Loi Évin – et encore moins se promener autour des lycées au milieu des revendeurs à la sauvette. Et, tout cela couronné par l’arme fatale, selon la présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les conduites addictives dans le même article : le paquet neutre.

Autant dire que ces spécialistes sont dans le flou total … Alors qu’on ne vienne pas nous bassiner que la prévention contre le tabagisme des jeunes est une priorité nationale, quand on n’a aussi peu d’outils pour comprendre les tendances.

Et comme, on n’est pas campé sur nos positions et que, nous, on lit la presse, un petit indice nous met la puce à l’oreille : 17 % des lycéens de seconde ont déclaré avoir fumé du cannabis au moins une fois dans le mois. Dénormalisation par-ci, normalisation par-là.

Sophie Adriano

Août 202016
 

ArgentComme si tout était une affaire d’argent.

Des chercheurs de l’université de Genève ont proposé à 800 personnes à bas revenus (46 000 euros par an) d’arrêter de fumer sans aide médicale, ni substituts (de type patch, gomme de nicotine ou Zyban) en contrepartie d’une compensation financière.

De 92 euros la première semaine à 368 euros au bout de six mois. Au total, les volontaires pouvaient gagner 1 380 euros s’ils parvenaient à l’abstinence totale (vérifiée par des prélèvements biochimiques réguliers). Lire la suite »

Août 022016
 

Dessin travail fumeurLes raisons qui poussent à la consommation de tabac sont nombreuses. Elles relèvent souvent de la sphère privée, mais elles peuvent aussi être influencées par l’environnement professionnel. C’est ce qu’a tenté d’analyser une étude de la Dares (Direction de l’Animation, de la Recherche, des Études et des Statistiques) publiée ce jeudi 28 juillet sur le site du ministère du Travail.

Les travaux ont étudié entre 2006 et 2010 la corrélation entre l’activité des salariés fumeurs et leur consommation.  En 2006, 27% des hommes et 21% des femmes en emploi fumaient quotidiennement. Quatre ans après, les chiffres sont restés les mêmes, et ce malgré une évolution législative de taille : l’interdiction de fumer dans les lieux collectifs de travail.

Quoiqu’il en soit, l’étude constate dans un premier temps que les personnes « exposées durant leur carrière à des risques physiques ou psychosociaux (manque d’autonomie, exigences émotionnelles, conflits de valeur) consomment plus souvent du tabac que les autres ».

• Ainsi, les hommes qui doivent supporter de fortes contraintes physiques et un environnement pénible (port de charges lourdes, exposition au bruit, à la chaleur ou à la saleté) sont près de 30% à fumer, contre seulement 24% pour ceux qui ne sont pas exposés. Le stress et la peur jouent aussi un rôle sur l‘augmentation de la consommation.

• A l’inverse, une plus forte exposition à des produits nocifs ou toxiques dans le travail est associée à une diminution de la consommation de tabac. L’étude avance la piste suivante : « Se sentant davantage exposés à ces produits, les hommes, consciemment ou inconsciemment, compensent en réduisant leur exposition au tabac », suggère la Dares.

• Enfin, contrairement aux idées reçues « un rythme de travail plus soutenu contribuerait à moins augmenter la consommation », explique l’étude. 74% des hommes interrogés estiment que ça stabilise leur consommation et seulement 13% que ça la fait augmenter.

• Chez les femmes, le tabac est plus particulièrement corrélé au sentiment d’insécurité dans leur emploi. « Lorsqu’elles ont davantage peur de le perdre, elles augmentent leur consommation et la diminuent si leur crainte se réduit », explique l’étude, qui avance que la probabilité de diminution « chute de 38 % lorsque leur crainte du chômage augmente ».

• L’étude pointe un résultat paradoxal dans le public féminin : plus elles voient leur travail « reconnu à sa juste valeur », plus elles fument. Pour quelle raison ? Les auteurs affirment ne pas avoir d’explication satisfaisante à fournir.